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introduction, § x.

Gilles et y demeura durant l’insurrection de Toulouse[1], et nous ne voyons pas qu’aucun de ses alliés soit venu à l’aide des Toulousains. Il eût été difficile qu’il en fût autrement, si on considère que ces alliés appartenaient en général à la rive gauche du Rhône, et durent retourner chez eux aussitôt Simon de Montfort parti. Il est donc peu vraisemblable que notre auteur se soit rendu à Toulouse à ce moment-là, et si par aventure il y est allé, il n’a pu en aucune manière s’y rendre aussi rapidement que Simon. Nous ne pouvons pas lui supposer le désir d’informations et la mobilité d’un correspondant d’un journal de Londres ou de New-York. Néanmoins, dans ce cas particulier, il a pu, sans être témoin oculaire, recueillir des informations précises, parce qu’il avait certainement à Toulouse, où il se rendit, comme nous le verrons, peu de temps après l’insurrection, de nombreux amis qui ont pu lui narrer les événements, parce qu’il avait de la ville même une connaissance personnelle qui lui a permis de se représenter les scènes qui lui furent décrites, et de les raconter à son tour avec des indications topographiques qui donnent de la consistance à son récit. On voit que les mêmes circonstances n’existaient pas en ce qui touche le siège de Beaucaire, qui a dû par conséquent être raconté de visu.

Il y a dans ce récit quelques particularités intéressantes où se voit la finesse avec laquelle notre auteur savait, par le simple procédé de la mise en scène, analyser les caractères de ses personnages. Je veux parler du rôle plein de duplicité que joue l’évêque Folquet dans les pourparlers qui précédèrent le soulèvement. Il parcourt les rues de la ville, exhortant les Toulousains à se rendre pacifiquement auprès

  1. V. 5070-9.