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introduction, § x.

ment de renforcer la garnison du château, et garde le silence sur le combat livré dans Toulouse même[1][2].

Après le récit de ce combat, prélude de bien d’autres qui devaient se succéder pendant plus d’une année, le poète nous montre Toulouse tout entière à la défense, relevant ses murs, faisant accueil aux seigneurs du Midi qui accourent à l’appel du comte, tandis que la dame de Montfort assiste, pensive et soucieuse[3], du haut du Château Narbonnais, aux préparatifs de la lutte acharnée qui s’engagera aussitôt que son mari sera arrivé.

Ici se place une scène très caractéristique, où l’emploi des procédés dramatiques qui sont naturels au poète est particulièrement intéressant à étudier.

Le messager de la comtesse arrive auprès de Simon et lui délivre son message. La matière historique que le poète avait à mettre en œuvre est à peu près celle-ci : Simon de Montfort apprend l’entrée de Raimon VI dans Toulouse et l’insurrection de cette ville ; il dissimule ces nouvelles, se hâte de conclure un traité avec Adémar de Poitiers, comte de Valentinois, et marche sur Toulouse. Tel est, sous une forme très sommaire, le récit qui peut se déduire du poème et qui est assez d’accord avec ce que nous savons des mêmes faits par Pierre de Vaux-Cernai pour qu’on puisse l’accepter avec confiance. Mais notre poète n’aime pas à raconter. Il a chargé Simon lui-même d’exposer son plan, et les quelques brèves paroles qu’il lui met dans la bouche suffisent à peindre l’indomptable caractère du chef de la croisade. Tandis que le messager se lamente sur les mauvaises nouvelles qu’il apporte, Simon l’interrompt par de rapides ques-

  1. V. 5972 et suiv.
  2. Voy. II, 307.
  3. V. 6127-34.