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introduction, § x.

circonstances n’étaient plus les mêmes ; il n’avait plus affaire à une insurrection naissante : il avait devant lui cette fois le peuple entier de Toulouse, serré autour de son seigneur, combattant dans des conditions où les troupes les plus inexpérimentées font bonne contenance, c’est-à-dire derrière des fortifications dont l’achèvement était poussé avec activité. D’ailleurs des renforts arrivaient chaque jour, et ce n’étaient point des milices communales, mais des chevaliers capables de tenir tête en rase campagne à la cavalerie de Simon, et des mesnaderos de l’Aragon ou de la Navarre, dont l’occupation habituelle était le métier des armes.

Simon ne devait pas tarder à se convaincre qu’un siège régulier pouvait seul amener la prise de Toulouse. Dès son arrivée, il tenta de pénétrer dans Toulouse par un coup de force, et fut repoussé comme son frère Gui l’avait été peu de temps auparavant[1]. À la suite de cet échec et après avoir pris l’avis de son conseil, il se décida à occuper les deux rives de la Garonne afin d’intercepter toutes les communications de la ville avec le dehors.

C’est là le premier acte d’un siège où Simon de Montfort déploya une ténacité d’autant plus remarquable qu’à aucun moment il ne se vit près de réussir. Jamais, en effet, il n’eut assez de troupes pour investir complètement la place, qui paraît avoir reçu constamment des secours en hommes et en vivres ; jamais il n’arriva à entamer les remparts de la ville, bien loin de pouvoir donner l’assaut, car la machine de guerre, la chatte, auprès de laquelle il devait trouver la mort, fut toujours efficacement combattue par les trébuchets des assiégés. Le seul succès qu’il eût obtenu, la prise de l’une

  1. V. 6347-442.