Page:La Chasse des dames d’amour, avec la reformation des filles de ce temps, 1625.djvu/14

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ſcillonné de rides, ny les ſourcils touffus ; ny les yeux eſgarez & louches, ny le nez racourcy ny ſes iouës decolorées, ny les leures paſles & mortes, ny les dents mangées d’vne roüille noire & faictes comme les cheuilles d’vn luth, mais ſemblables à deux rangs de perles Orientales. Vne colomne d’albaſtre n’eſt pas plus polie que ton col, ny deux boules d’iuoire plus rondes que celle de ton ſein. Au reſte tu as la taille ſi belle qu’il n’eſt aucunement beſoin que pour l’agrandir tu marches ſur des eſchaſſes de liege. Toutes ces beautez ioinctes aux charmes, aux attraicts, & aux graces qui les accompagnent, ne ſont elles pas des phitres aſſez puiſſants pour rendre inſenſez les plus ſages, & les induire à t’aymer ? Auec ces ameçons, ne peux-tu pas attirer à toy des riches robbes, des coliers de perles, des chaiſnes d’or, & tels autres ioyaux de prix, ſans t’aller captiuer ſoubs la caprice d’vne maiſtreſſe, qui ne payera que de vaines promeſſes les bons offices que tu luy auras rendus ? Tu vois comme par ces meſmes voyes ta compagne la Bauolette s’eſt enrichie, & il ne tient qu’à toy que tu n’en faſſes autant.

Jacqueline.

O que vous me faictes de beaux comptes ma mere ! ie ſçay auſſi bien l’art d’aimer que la Bauolette, & ie vous aduiſe qu’elle meſme que vous croyez ſi riche, eſt auſſi pauure que nous. Elle n’a maintenant aucun amy non