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Contre le plein soleil, contre la multitude,
Salut et sois béni, miraculeux séjour
Où l’Angelus du Cœur éternellement tinte,
Pays de la tendresse et de la demi-teinte,
Crépuscule, tombeau de la nuit et du jour,
Rêve, tombeau du doute et de la certitude !


HENRY BÉRENGER.




LA FEMME AUX PAONS


Besnard pinxit.



Des paons légers suivent une femme
Sur le bleu d’un rêve.
Une blancheur, un épithalame
xDe plumes s’élève,

Les paons sont blancs, les plumes sont blanches.
Elle, est rouge, et nue.
Les paons câlins suivent vers ses hanches
L’odeur reconnue.

Effleurant l’herbe, allongeant leurs queues
Ils vont derrière elle
Qui disparaît sous les branches bleues
Fugitive et frêle

C’est un soupir, c’est une caresse
Leur démarche ailée.
Ils ont aimé cette chasseresse
Dans l’ombre étoilée

Ils ont moulé leur col à son ventre
À son dos leurs plumes
Et doucement se glissent vers l’antre
Comme un vol de brumes,

Vers l’antre bleu des fleurs nuptiales
Des fleurs fraternelles
Où s’abandonnent les cheveux pâles
Mêlés dans les ailes.


P. L.