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Avaient, de leurs genoux, creusé le cœur des pierres,
…Le vent passait, avec des hymnes, dans les saules,
Et j’appuyais mon front brûlant sur ton épaule.

Devant nos corps entrelacés
Passaient les souvenirs glacés :
Tu les comptais, avec des grâces enfantines,
Quand leur procession descendait les collines
Pour fondre, dans la mer des brouillards entassés.

— Mon ami, vois-tu pas cette flamme envolée ?
Son aile d’or s’égare à travers la vallée,
Près des rochers fleuris
Où se crispe la chair rose des saxifrages,
Qui sait ? Peut-être encore assez puissants, nos cris,
Pour la ramener des naufrages ?



Vers les invisibles Demains,
Nous allions — nos cœurs dans nos mains !

Et tu disais : — Ô Paraclet,
Du Paradis voici les clefs :
Viens avec nous aux fiers sommets de nos vertiges ;
Les pauvres fleurs d’ici sont mortes sur leurs tiges
Pour n’avoir pas chanté la gloire du Très-Haut,
Comme les durs fléaux
Sur l’aire où les gerbes s’amoncellent,
Nos cœurs battent dans nos mains frêles :
Paraclet, divin Paraclet,
Du Paradis voici les clés —

Alors je dis — Ma Roseline,
Nous avons gravi la colline :
Derrière nous, les champs lointains sont effacés. —


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Mais avec un doux cri, tu répondis — Passez
Monsieur, c’est la clarté monotone des lunes…
La porte est entr’ouverte… et ton cœur a menti —
Ô mes tendres Espoirs tombent anéantis,
Car — vois-tu — mon amour…
Comme ils sont ténébreux et maussades, les jours
Qui sont derrière la montagne !…


MAURICE QUILLOT.