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GLAUCÉ



Elle se baigne
Au marais des iris et des grands lys d’eau
Elle se baigne comme un nénufar blanc
Comme un nénufar et sa corolle saigne
Elle toute en or ruisselant
Comme un soleil du soir qui baigne dans l’eau
Miroitante et merveilleuse

Le marais verdâtre et si lourd d’or
L’étang putride vert et noir
Est le miroir
De ses hanches,
Blanches
Ô qui chantera l’enfant glauque et d’or
Dans ses mares mordorées

Son fin buste émerge de l’eau
Comme un nénufar chevelu d’or rouge
Ses yeux sont comme des flammes sur l’eau,
Vertes étoiles, ses yeux doux d’Asie
Mais sa bouche est un coquillage de pourpre
Et sa chevelure est sur sa bouche
Sa chevelure cramoisie

Ses cheveux longs, où sont des algues vagues
Et des crabes verts aux crocs des boucles
Et l’écume des basses vagues
Et des gouttes d’escarboucles
Où les lumières ont des verres
Ô comme au front des roches d’or
Ses cheveux dissolus couronnés de conferves

Ses cheveux, ah défleuris ! ses cheveux dévêtus et nus…

« Iris
Marécageux iris
Mes cheveux sous-marins mêlés d’algues languides
Te veulent, triste iris,
Et l’iris de mes yeux. »

Voici trouer la frêle eau d’or
Ses doigts luxurieux.
Vers les iris, vers les iris,
Fleurs droites à fleurir derrière ses oreilles
Fleurs d’ombres et d’azurs, fleurs froides, bleus iris
Bleus baiser de la nuit dans ses mains nonpareilles
Baisers bleus et d’argent.


P. L.