a nuit tombe, Jésus a disparu, ravi
Dans une gloire d’or vers une autre demeure :
L’âme du monde en deuil se désespère et pleure
Le départ du rêveur que son rêve a suivi ;
Madeleine à genoux sanglote un peccavi
Suprême et songe au vain délice enfui de l’heure
Où l’Amant-Dieu charmé baisait comme on effleure
Ce front plus pur que ceux des vierges de Lévi ;
Et le Disciple élu, Jean, les yeux levés, semble
Dire à son Maître absent quelque chose en secret :
« Te ressouviendras-tu que nous fûmes ensemble ? »
Puis il s’afflige ; hélas, l’Homme de Nazareth
N’est plus, et le ciel voile en son lointain mystère
Le Dieu par qui toujours sera triste la terre.
a nuit l’eau calme des bassins
Au reflet des lumières vagues
Forme d’imaginaires vagues
Et de fantastiques dessins.
Ce sont de bizarres coussins
Brodés de colliers et de bagues
Des chevaliers dressant leurs dagues
Des fleurs larges comme des seins…
… Des formes chétives et frêles
De femmes et de sauterelles
D’oiseaux clairs et de papillons
Dansent aussi sur l’eau tranquille
Dont l’éclair fuyant des rayons
Respecte le rêve immobile.