Aller au contenu

Page:La Corée Libre, numéro 3, juillet 1920.djvu/12

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 78 —

écoles, celle de la mission méthodiste pour les garçons et pour les filles et. celle d’une autre mission à Pyongyang. Leurs directeurs, Mr Henry Appenzeller, Miss B. A. Smith, et Mr. Mowry ont reçu notification officielle que leur permis de diriger ces écoles leur était enlevé.

D’après la version officielle donnée par les autorités japonaises, l’école dirigée par Mr. Mowry s’était fait depuis longtemps remarquer par son esprit d’indépendance. « En 1917, ses élèves se conduisirent mal et le gouverneur de la province attira l’attention de Mr. Mowry sur ce fait. Lorsqu’eurent lieu les démonstrations de 1919 en faveur de l’indépendance coréenne, plusieurs étudiants furent trouvés coupables et Mr. Mowry fut condamné à une amende pour avoir abrité des criminels. Ces fautes eussent suffi, si l’on eût tenu compte des règlements pour faire fermer l’école, mais les autorités montrèrent une bienveillance spéciale et ne prirent contre elle aucune mesure de rigueur. Malgré cette bienveillance de la part des autorités, l’école cependant continua à se mal conduire. Malgré les avertissements donnés le 25 février, tous les étudiants des Cours supérieurs s’absentèrent de l’école le 1er et le 2 mars ; ils ont crié : « Vive l’indépendance » et les directeurs de l’école n’ont point pris les sanctions suffisantes. Le 3 mars, 48 étudiants ont de nouveau poussé les mêmes cris et ils le firent encore le lendemain dans l’intérieur des bâtiments de l’école, ce qui eut un mauvais effet sur les autres institutions. Les autorités ont donc jugé nécessaire de fermer une école qui montrait une telle déloyauté : afin de ne pas nuire toutefois à la direction de l’école et aux étudiants, elle se contentent de retirer à Mr. Mowry la sanction officielle et elles lui enlèvent également celle de diriger l’école des filles de Suken, parce qu’il n’a pu empêcher les élèves de cette école de s’absenter en corps des cours. »

Il faut avouer que, même considérés à la lumière de ce document officiel, les faits allégués ne sont point bien graves et les journaux étrangers, en commentant cette mesure, disent qu’il serait bon d’attendre la défense que le Dr. Mowry peut donner de sa conduite.

LE PRINCE EUI

De l’Agence d’Informations sino-américaine de Séoul :

Le prince Eui de Corée vient d’être arrêté par la police japonaise à An-Tong, à la frontière coréenne, au moment où ce prince se rendait en Chine à Shanghai pour rejoindre ses compatriotes du gouvernement provisoire coréen. Sous bonne escorte, le gouverneur général japonais de Corée tente de le transférer au Japon où il sera gardé à vue et d’où il ne pourra plus jamais sortir. Mais le traquenard tendu au prince par le gouverneur général nippon n’a pas réussi jusqu’à présent comme le prouve le texte d’une lettre envoyée par le Prince Eui au premier ministre du Japon Hara, à l’amiral Saïto, gouverneur général de Corée ainsi qu’au ministre de la Maison impériale du Japon.

« Monsieur le Premier Ministre,

« Je suppose que vous avez bien reçu mes précédentes lettres dans lesquelles je vous faisais savoir comment je fus arrêté par vos policiers au moment où je me rendais en Chine ?

« Il y a quelques jours, des officiers de police se sont présentés à moi en m’ordonnant de me rendre immédiatement à Tokio ; ils m’enjoignirent également d’annoncer publiquement que j’allais à Tokio de ma propre volonté ? Je ne comprends rien à toutes cette manœuvre !

« J’ai l’honneur de vous rappeler que je suis un roi de la Corée,