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Le Japon réclame l’île de Yap
Le Sénat américain a adopté, il y a quelques jours, une résolution présentée par le sénateur Lodge, demandant des informations au président Wilson au sujet de rumeurs de source anglaise, d’après lesquelles l’île de Yap serait cédée au Japon. Cette résolution se faisait l’écho des protestations de l’opinion américaine et particulièrement de la société américaine asiatique.
Une personnalité japonaise autorisée a bien voulu nous exposer les raisons de l’intérêt que l’Amérique comme le Japon attachent à la possession de cette petite île.
L’île de Yap, située à l’extrémité nord-est des îles Palaos et à l’extrémité ouest des îles Carolines, à mi-chemin entre le Japon et l’Australie, est un point de relais de trois câbles sous-marins qui la relient d’une part à Shanghaï, de l’autre à Bornéo et enfin à l’île américaine de Guam où passe également le câble qui relie San-Francisco aux Philippines. Sa possession donnerait à l’Amérique le contrôle de tous les câbles de cette partie du Pacifique. Elle possède en outre un bon port susceptible de fournir une base le valeur stratégique. Elle a été occupée par le Japon en 1914.
En vertu des accords conclus en 1917 par le Japon avec la France, l’Angleterre, l’Italie et la Russie, elle devait revenir au Japon comme les autres possessions allemandes situées au nord de l’Équateur, celles situées au sud étant attribuées à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande. Le traité de Versailles a stipulé la renonciation de l’Allemagne à ses colonies en faveur des puissances alliées et associées, laissant à des accords postérieurs le soin de fixer la répartition et le régime de ces colonies. Ces accords n’ont pas été encore officiellement conclus, mais il a été tacitement entendu, au cours de la conférence, que les États mandataires seraient ceux qui seraient en possession. Les représentants de l’Amérique ayant pris part à ces délibérations sans soulever d’opposition, on est en droit de penser que le gouvernement américain est étranger à la campagne américaine au sujet de l’île de Yap et que celle-ci ne constitue qu’un épisode de la lutte du Sénat contre le président.