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En fait, toutes les rues de la ville servirent de champ de bataille pour la démonstration militaire japonaise qui dura environ huit heures Les Japonais employèrent des fusils, des mitrailleuses et de l’artillerie, tirant dans toutes les directions.

Deux soldats Tchèques furent tués par les Japonais et cinq autres blessés. Probablement, une cinquantaine de Russes ont été tués pendant que des milliers ont été faits prisonniers. Les pertes japonaises s’élèvent à deux tués et dix blessés.

L’attitude de la population, comme résultat du coup japonais, est devenue une haine intense que rien ne peut comprimer. L’esprit qui anime le peuple laisse prévoir de nouveaux troubles.

Pendant l’occupation et le jour qui la suivit la population civile dut subir des mauvais traitements infligés par les troupes japonaises et les gendarmes qui se comportèrent de manière comparable à leurs collègues de Corée, infligeant aux Russes les mêmes traitements qu’aux Coréens.

Un incident notable de l’occupation se produisit lorsque les soldats russes, portant l’uniforme britannique, furent liés avec des cordes à des Coréens et durent marcher à travers les rues de Vladivostock.

Les diplomates alliés, de ce port, ont tenu de fréquentes réunions mais n’ont pu obtenir, des Japonais, la moindre information relativement aux raisons d’avoir déclenché des hostilités ou sur les intentions du commandement japonais.

(Journal de Pékin, 17 Avril 1920).

Il est intéressant de rapprocher ces notes avec le livre de J. Lasies : « La Tragédie Sibérienne ».

Les Japonais ont ainsi coupé complètement la Russie du Pacifique. Ils sont donc devenus les maîtres de l’Asie du Nord-Ouest et des côtes asiatiques du Pacifique. Les ambitions nipponnes se trouvent à peu près réalisées.

Les Japonais pourront-ils se maintenir sur toute cette vaste étendue de territoires ? Auront-ils assez de monde pour garder militairement les centaines de millions d’individus qui peuplent ces régions sous la domination du Mikado ? Savent-ils que la peau de la grenouille n’est pas aussi résistante que celle du bœuf !?

Ils n’oublient pas, cependant, d’emporter l’argent :

Avant l’offensive japonaise, les autorités russes avaient chargé dans 16 wagons les réserves de la succursale de Vladivostock de la Banque d’État, pour les expédier en Occident. Dans la soirée du 4 avril, le train parti, les Japonais commencèrent à tirer dessus Le 9 avril, le directeur de la succursale de Vladivostock reçut d’un des agents du contrôle la lettre suivante :

« J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que le 8 avril courant, à 3 heures 26 de l’après-midi, plusieurs militaires japonais se sont approchés des wagons contenant les réserves et en ont retiré des sacs qu’ils ont pesé sur place à l’aide de balances mobiles. Deux sacs par wagon ont été ainsi prélevés. Chaque fois que les Japonais entraient dans le wagon, la portière était fermée pour un quart d’heure à peu près et ne se rouvrait qu’au moment de la remise des sacs pour la pesée. On voulait ainsi éviter les regards curieux. »

Le vendredi 16 avril, le train tout entier comprenant 16 wagons avec de l’argent, fut emmené par les japonais et dirigé vers Nicolsk-Oussoriisk.

(Pour la Russie, 3 Juillet 1920).