Aller au contenu

Page:La Corée Libre, numéro 6, octobre 1920.djvu/19

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
— 155 —

Honolulu, 17 Août. — Le représentant C.-H. Randall, de la Californie déclarait : « Vous trouverez tous les membres du Congrès en voyage d’accord sur ce point. Après avoir visité les Îles Philippines, ce fut l’opinion générale, qu’elles n’étaient pas prêtes à l’indépendance. Tous les Philippins instruits se rendent compte de la situation et sont opposés à l’indépendance pour l’instant. Le spectre de l’agression japonaise se dresse dans tout l’Orient. Les hommes de pensée sont dans une terreur à l’idée de la domination japonaise en Sibérie, en Chine, en Corée et aux Îles Philippines, si les Etats-Unis ne viennent pas à leur secours. »

Les Îles Philippines dans les mains du Japon, c’est la clé stratégique des Mers du Sud, l’avant-garde de l’accès des mers de Chine qu’il détiendrait !

VI. — L’EMPRISE JAPONAISE AUX ÎLES MARSHALL

Cette emprise, nous avions dit naguère devoir en montrer la force, tout au moins aux îles Marshall. Rien de plus facile, car c’est un fait bien avéré qu’aujourd’hui le commerce japonais domine complètement cet archipel.

Avant la grande guerre de 1914-1918, les Australiens y tenaient la première place, exactement comme dans les autres marchés insulaires du centre de l’Océan Pacifique. Tout est changé maintenant. Durant la longue guerre contre les puissances de l’Europe centrale, l’Australie a manqué de tonnage et aussi de marchandises européennes ; dès la fin de 1914, au contraire, le Japon (qui n’avait plus à intervenir dans la lutte, ni à redouter la moindre attaque sérieuse de la marine allemande) pouvait augmenter à sa guise sa flotte marchande et offrir dans tous les ports du Pacifique les articles de pacotille dont il intensifiait la production de façon extrême.

Dès lors, rien que de naturel à ce que les Nippons, maîtres des îles Marshall, en aient expulsé le commerce australien et par contre-coup, le commerce britannique. Ni le bon marché des marchandises que les Japonais importent dans les îles du Pacifique, ni les bas salaires dont se contentent leurs marins comme leurs ouvriers ne permettent aux Anglais et aux Australiens de résister victorieusement à leur concurrence, qui s’exerce bien au-delà des îles Marshall. Comme elles, en effet, les Gilbert et les Ellice, plus méridionales, sont envahies par les objets de fabrication japonaise, bien que le pavillon britannique flotte sur ces archipels.

Du moins la colonisation japonaise n’y trouve-t-elle pas le champ libre comme elle le trouve aux Marshall. D’ici quelques années, cet archipel sera, au dire du London and China Telegraph, un nouveau Japon, populeux et prospère.

(L’Asie Française, septembre 1920.)

☐☐☐