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LA PREMIÈRE ALLIANCE ANGLO-JAPONAISE


LES INTRIGUES JAPONAISES D’APRÈS LES MÉMOIRES DU BARON HAYASHI

Le Japon, bien que victorieux des Chinois en 1895, se rendit nettement compte, après le traité de Shimonoseki, qu’il devait rechercher un appui, tout au moins moral, en Occident.

Après la curée de 1898, inaugurée par l’Allemagne avec l’affaire de Kiao-Tchéou (mais dont les moyens en avait été indiqués auparavant par les Nippons), la cession à bail de Port-Arthur à la Russie que le Japon avait dû lui-même rétrocéder, ainsi que la presqu’île du Leao-Tong aux Chinois à la suite de la pression diplomatique conjointe de la France, de l’Allemagne et de la Russie, le gouvernement du Mikado ayant pu ainsi mesurer sa faiblesse d’action politique sur les étrangers, n’hésita plus à rechercher directement l’appui qui lui était nécessaire et qui devait lui permettre, par la suite, de jouer le rôle politique important dont il semble pour le moment recueillir tous les fruits. C’est vers l’Angleterre que sa politique de rapprochement tendra tous ses efforts.

Les raisons étaient nombreuses pour qu’il se tournât plus naturellement vers la Grande-Bretagne. D’abord, comme nous venons de le voir, l’attitude de la France, de l’Allemagne et de la Russie vis-à-vis du Japon n’était pas faite pour se concilier son amitié et les Japonais ont éprouvé assez longtemps un très tort ressentiment contre ces puissances, plus particulièrement contre la France et la Russie qu’ils rendaient directement responsables de leur insuccès de 1895, par suite de la rétrocession de Port-Arthur et du Leao-Tong. Ensuite, le Japon parfaitement au courant de la politique européenne et de la tension anglo-russe qui commençait à se dessiner devait infailliblement se rapprocher de la politique anglaise qui lui était propice. D’autre part, il ne pouvait guère compter sur les Etats-Unis vis-à-vis desquels trop de différends le séparaient, tels que la question raciale, de l’émigration ; au surplus, les Etats-Unis étaient devenus après la guerre Hispano-américaine de 1893, puissance asiatique avec les Îles Philippines, ce qui devait rendre encore plus aiguë la question du Pacifique.

En 1901, les évènements semblèrent le plus favorable pour le Japon. Pendant l’expédition internationale contre les Boxers de 1900, les Japonais avaient pris une part assez active aux opérations militaires, ils commençaient ainsi à jouer un rôle politique international ; leur état-major avait pris contact avec ceux des autres puissances militaires et, Anglais et Japonais, devaient finalement s’entendre contre les Russes.

Dès 1895, après le conflit sino-japonais, l’État-major japonais préparait en secret le rejet des Russes hors de la Mandchourie afin de pouvoir s’affermir sur le continent qu’il convoite depuis si longtemps ! Ce fut la seconde phase de son plan d’action continentale.