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empêcher que les deux armées du Roi François I, & l’Empereur Charles le Quint, ne fe combattifïènt : il ufa pour lors d’une in finité de mots ufités entre les Guerriers, & n’en laifTa pas un feul, ni même les vers ou carmes de plufieurs Auteurs contenus en la Harangue dudit BofTulus. Que fi quelques-uns avoient opinion qu’il eût appris ladite Harangue, foit devant ou après qu’elle fut prononcée, cela ne fe peut faire, car le Seigneur BofTulus ne l’eût pas fu lui-même répéter de mot à mot, comme il l’avoit récitée, d’autant qu’il l’avoit prononcée tout autrement en chaire, qu’il ne l’avoit préméditée en fon cerveau, tant à caufè des célèbres perfonnes qui fe trouvèrent audit Boncour pour fouir ( defquelles il n’étoit pas averti) que aufîi pour avoir de couftume de ne rien écrire au long de ce qu’il avoit à dire en public ( tant il eft éloquent) mais bien feulement ayant mis par articles les points qu’il veut traiter. Ce que je dis pour prévenir aucuns qui pourroient tourner ceci autre ment que félon la vérité du fait. M. de la Ruelle Pépin, Gentilhomme de Bretagne, pourroit témoigner ceci avec moi, en la préfence duquel il fit la preuve de cette belle & heureufe mémoire, laquelle je prie à Dieu lui vouloir confer ver. Ceci n’eft moins digne de merveille que ce que nouslifons es diverfes leçons de Muret, touchant un Sicilien. J’entends qu’il traduit maintenant les Livres d’Ariftote traitans de l’Ame. Il florit à Paris cette année 1584, & devons efpérer voir une infinité de belles chofes rares, tant de fon invention que de fa traduélion, s’il plaît à Dieu lui donner une longxie vie, laquelle je lui prie vouloir donner telle, que je me la defire pour moi-même.

Jacques Davi du Perron —, Evèqite d’Evreux en 1594, & Cardinal en 1604, : eft un de ces hommes finguliers, fur lefquels il eft difficile de porter un jugement sûr. 11 faifit les circonftances pour faire éclater fes taleiis j & comme il votdoit fe faire un nom, & aller à la fortune, il profita de toutes les occafions qui pottvoient l’y conduire, bien fécondé en cela par fon génie hardi & : entreprenant. Il naquit dans le Canton de Berne le z 5 Novembre 1556, de païens Calviniftes, :’qui fe difoient d’une maifon noble & antienne de Bafle-Normandie. Son père, Julien Davi^ Médecin &c Miniftre, prpfefloit les Belles-Lettres à Genève, &c on croit qu’il prit le furnom de