Aller au contenu

Page:La Curiosité littéraire et bibliographique, série 3, 1882.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée


Et qui ne porte en soi la curiosité
De ce cloaque obscur de sordide mirage,
De ces râles hideux où la lubricité
Se tord, ivre d’horreur, dans un spasme de rage ?

Et qui n’a jamais vu passer devant ses yeux
Ces spectres de Sodome, effrénés, hors nature,
Ces montagnes de chair, dans un rut furieux,
Où toute volupté jaillit d’une torture ?

Marquis, ton livre est fort, et nul dans l’avenir
Ne plongera jamais aussi bas sous l’infâme :
Nul ne pourra jamais après toi réunir,
En un pareil bouquet, tous les poisons de l’âme.

Un souffle de vertige, un brûlant tourbillon,
Nous emporte éperdus dans cette course étrange,
Où ton pas sur le sol creuse un rouge sillon
Que comble un flot visqueux fait de lave et de fange.

Ta Vénus fait son lit dans le creux des tombeaux ;
Macabre don Juan, tes immondes orgies
Aux lampes du sépulcre allument leurs flambeaux,
Et tes listes d’amour sont des nécrologies.

Tes héros affolés sous la dent qui les mord,
Vieux impuissants, rongés de soifs toujours trompées,
Lascifs, se font fouetter par la main de la Mort
Dans les ébats hurlants d’ignobles Priapées.