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AUST. Livres des Rois, MS. des Cordel. fol. 69. - Rymer, T. I, part. II, p. 115 ; tit. de 1270.

OST. Ord. T. II, p. 349.

Aoustage, subst. masc. Espèce de redevance. On observe, d'après D. Carpentier, qu'aostagium, en françois aoustage, ne signifie point droit de gite, en latin hostagium, dans une charte de l'an 1232, où on lit : " Percipiet per se consuetudines suas, videlicet terrageurias, aostagia, mestivam, gallos.... corveiam suam, etc. " (Voy. Du Cange, Gloss. lat. T. I, col. 540.) En comparant l'extrait de cette charte avec deux citations, l'une de la coutume de Bretagne, l'autre de la coutume de la Marche, on croiroit que l'aoustage, en latin aostagium, étoit un droit comme la demande d'aoust, le double d'aoust ; et que D. Carpentier z'est trompé lui-même, en disant qu'aoustage signifie une rente payable à la mi-aoust. Pour le prouver, il cite une charte de l'an 1298, où l'aoustage est au moins distingué des rentes foncières. " Les rentes des éritages d'ilec (de Gien) et les aoustages, la penne et le séel.... La prevosté de la Ferté-Aales... huit solz de rente à la mi-aoust, etc. " (D. Carpentier, Suppl. Gloss. lat. de Du Cange, au mot Aostagium.)

Aouster, verbe. Aoûter, mûrir. Faire l'août, moissonner, récolter. Passer le mois d'août, le temps de la moisson. On a désigné et l'on désigne encore l'effet des chaleurs du mois d'août, en disant aouster, aoûter, dans la signification de mûrir. (Voy. Cotgrave, Oudin et Nicot, Dict. - Dict. de Trévoux.) Cette acception est moins ancienne dans notre langue que celle d'aouster, faire l'août, moissonner, récolter. On disoit en ce sens, " faucher, fener, aouster, vendenger. " (Cout. d'Anjou, T. II, p. 105.)

Ce fu tout droit ou temps d'Esté, Quant temps d'auster est en saison, etc. Hist. des trois Maries, en vers, MS. p. 110. En la saison que l'en aouste, etc.

G. Guiart, MS. fol. 134, V°.

Employé comme substantif, le verbe aouster a signifié moisson, récolte, peut-être le temps de moissonner, de récolter. (Voy. AOUST ci-dessus.)

Gaste-bien selt moult bien gaster Son aoust devant l'aouster, Tant que avoec autrui aouste.

Miserere du Reclus de Moliens, MS. de Gaignat, fol. 209, V° col. 1.

Il semble que dans les vers suivans, où il s'agit de grillon, s'aoster, s'estre aosté signifie passer, avoir passé le mois d'aoust, le temps de la moisson dans les champs.

Le Ceraseron, par le temps de l'Esté, Ne fera jà nulle provision ; Il vit aux champs, et quant s'est aosté, Il se retrait en aucune maison, Et au four communement, Et ès foyers chante doubteusement.

Eust. Desch. Poës. MSS. p. 38, col. 4.

VARIANTES :

AOUSTER. Miserere du Recl. de Moliens, MS. de Gaignat,


fol. 209. - G. Guiart, MS. fol. 26, V°. - Cotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. - Dict. de Trévoux. AOSTER. Eust. Desch. Poës. MS. p. 38, col. 4. AUSTER. Hist. des Trois Maries, en vers, MS. p. 110. OUSTER. D. C. S. Glos. lat. de Du Cange, au mot Augustare.

Aousterèle, subst. fém. Sauterelle. Il est possible qu'on ait ainsi nommé cette espèce d'insecte, parce que l'été, le mois d'août, est la saison des sauterelles. (Voy. Borel, Dict.) VARIANTES : AOUSTERÈLE. Borel, Dict. AOUSTERELLE. Dict. de Trévoux. Aousteron, subst. masc. Aoûteron, moissonneur. Moisson, récolte. On observe qu'au premier sens, le mot aousteron, austeron, etc. par lequel on a désigné en particulier un valet d'aoust, celui qui est engagé pour faire l'août, a signifié en général, " celui qui fait l'août, la moisson, un moissonneur. " (Voy. Cotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. - Oeuv. de Remi Belleau, Bergeries, T. I, fol. 19, V° etc.) La verdure jaunist, et Cérès espiée Tresbuchera bientost, par javelles liée, Sous l'oûteron haslé, pour emplir le grenier. Oeuv. de Baïf, fol. 5, R°. S'il faut en croire Cotgrave, on a nommé austerons, les fruits d'août, les blés, la moisson. VARIANTES : AOUSTERON. Cotgrave, Oudin, Nicot et Monet, Dict. AUSTERON. Cotgrave, Dict. OUSTERON. Cotgrave et Oudin, Dict. OÛTERON. Cotgrave, Dict. - Oeuv. de Baïf, fol. 228, V°. - Ménage, Dict. étym.

Aousteux, adj. Qui est du mois d'août. Mûr, qui est en pleine maturité. Il semble qu'on ait dit au premier sens, moissonneur aousteus. Epith. de M. de la Porte. Dans le second sens, un fruit aousteux étoit un fruit mûr, un fruit mûri par la chaleur du mois d'août. (Cotgrave, Dict. - Voy. AOUSTER.) VARIANTES : AOUSTEUX. Cotgrave, Dict. AOUSTEUS. Epith. de M. de la Porte, au mot Moissonneur.

Aouvert, participe. Ouvert, découvert, dévoilé, révélé, éclairci, etc. Connu. La prononciation de l'w double, qui est une lettre propre aux peuples du Nord, étoit sans doute familière à nos ancêtres, et semblable à celle du v simple, autre lettre de même organe que le p. De là, les orthographes awert, aouvert, aovert, overt, qui toutes paroissent être des altérations de l'orthographe primitive apert (1) [1]. (Voy. APERT.) " Vostre oyl seront awert , etc. " (St Bern. Serm. fr. MSS. p. 60.) " Li Ciel furent awert sor luy. " (Id. ibid. p. 217.)

Droiz dit, ce n'est pas chose aperte, De plaie qui n'est aoverte C'on cognoisse la maladie.

Fabl. MS. du R. n° 7615, T. I, fol. 111, V° col. 1.

  1. Apert est un mot de la langue savante et juridique ; ouvert est bien la forme populaire et primitive. (N. E.)