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AB — 35 — AB

employée pour exprimer une tonsure usurpée par celui qui n'a pas droit de la porter. (Voy. le Gr. Cout. de Fr. liv. IV, p. 508.)

Abusion

subst. fém. L'action d'abuser. Sac, pillage. Abus. Illusion. Irrésolution, perplexité.

Le premier sens est le sens propre. (Voy. le Gloss. de Marot, où ce mot est pris pour une action de libertinage.)

Piller, c'est abuser de la victoire. De là le mot abusion, pour sac, pillage, dans ces vers qui terminent un détail assez long, de brigandages et de violences exercées dans la Gascogne ;

Enfans fuient et fames veuves, Con se ce fust abusion.

G. Guiart, MS. fol. 219, R°.

On l'a même employé, toujours par extension du premier sens, pour abus, pris génériquement. (Voy. Villon, p. 25.)

Ce seroit grans abuisions.

Anc. Poës. Fr. MS. du Vatic, n° 1490, fol. 132, R°.

Dans un sens moins générique, abusion a signifié illusion.

Songes fu ou abusions.

Fabl. MS. du R. n° 7218, fol. 145, R° col. 2.

Souvent l'illusion produit l'embarras. De là on a dit abusion, pour irrésolution, perplexité. " Le Connestable et les Marechaux de France et de Bourgogne estoient... en celle abusion, et ne savoyent lequel faire pour le meilleur. " (Froissart, liv. II, page 207.)

Ce mot, en ce sens, pourroit aussi venir d'ABUSER ci-dessus, pris dans le sens particulier d'abuser de son temps, s'amuser, perdre le temps, comme on fait en délibérant sans rien résoudre.

VARIANTES :

ABUSION. Villon, p. 25.

ABUISSON. Anc. Poës. Fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 132, R°.

Abussal

subst. masc. Achoppement.

Ce mot est le même qu'Abuissement, avec une terminaison différente.

Un achopail et abussal A gent de pié et de cheval.

Guigneville, cité par D. Carp. suppl. Gloss. de Du C. au mot Boutare.

(Voy. ABUCHEMENT ci-dessus.)

Abutant

participe. Aboutissant.

(Voy. Le Moine, Diplomatique pratique, Dict.)

Abuter

verbe. Viser, tendre à un but. Mettre bout à bout. Additionner, calculer. Abonner.

Le premier sens est le sens propre. (Voy. Borel, Dict.) Ainsi on a dit : " Il semble que l'ame ébranlée et émeue, se perde en soy-mesme, si on ne luy donne prise, et faut toujours lui fournir d'objet où elle s'abutte et agisse. " (Essais de Montaigne, T. I, p. 27. — Voy. BUTER ci-après.)

Dans la seconde acception Abuter a signifié, mettre bout-à-bout. Ainsi on disoit : " ces lettres leuës, et deschirées par Aubain, les pieces furent recueillies par un Gentilhomme amy de Garnier, qui les abute avec de la cire. " (Pasq. Rech. liv. V, p. 406.)

De là, on a dit Abuter, pour additionner, joindre ensemble diverses sommes : " Recueillés par parcelles toutes les sommes mentionnées par cet article, et les abutez avecque les dixans, vous trouverés les quatre mille marcs. " (Pasq. Rech. liv. IX, p. 843.) Le peuple dit encore dans quelques provinces, Ebuter, pour supputer, mettre des sommes les unes au bout des autres.

Le Moine, dans sa Diplomatique pratique, Dict. explique Abutter, par Abonner un droit, un péage, à une somme fixe.

VARIANTES :

ABUTER. Pasq. Rech. liv. V, p. 406.

ABUTTER. Cotgr. Dict. — Essais de Montaigne, T. I, p. 27. — Le Moine, Diplomatique pratique, Dict.

Abutiner

verbe. Mettre au pillage. Associer au pillage.

Dans le premier sens : " Si par lascheté sumes deffaicts, nos biens seront abutinez, etc. " (J. d'Auton, Annal. de Louis XII, de 1503-4 et 5, fol. 26, V°. — Voy. BUTINER ci-après.)

On disoit par extension abutiner, pour associer au pillage, au butin. Ce verbe étoit quelquefois réciproque en ce sens : " Il ne dist à nul qu'il eust aucun abutiné avecques luy ; mais se abutinoit à tous, penssant qu'il deust avoir butin en tous les butins où il se boutoit,> etc. " (Le Jouvencel, MS. fol. 353. — Voy. BUTIN ci-après.)

Abvier

verbe. Détourner.

Proprement détourner du chemin. On a dit au figuré : " Mon dit Seigneur, pour cuidier eviter le coup, getta le bras au-devant, dont il fut blecié tres vilainement, car il ne peut tant abvier, que le coup ne lui cheust sur le visage. " (Preuves sur le meurtre du D. de Bourg, p. 274). Si toutefois abvier n'est pas une faute d'impression, pour obvier, aller au devant, prévenir.

Abylant

subst. masc. Nom de pays.

C'est la fleur, et en terre et en mer, De beaulté de pucelle ; Si n'arrestasse pour tout l'or d'Abylant Que j'en allasse tout le pays cherchant.

Percef. Vol. II, fol. 81, R° col. 1.

Cette expression, pour tout l'or d'Abylant, étoit proverbiale. On la retrouve dans ces vers :

Jà n'a il home en cest sicle vivant Qui i alast por tout l'or d'Abilant.

Anseis, MS. fol. 52, R° col. 2.

VARIANTES :

ABYLANT. Percef. Vol. II, fol. 81, R° col. 1.

ABILANT. Anseis, MS. fol. 52, R° col. 2.

Abysme

subst. fém. Abyme.

Ce mot, aujourd'hui masculin, s'est employé autrefois comme féminin :

Mers et abismes lointaines, etc.

Molinet, p. 124.

Il se prenoit quelquefois en bonne part. " La faute qu'elle faisoit de refuser un si grand party, qui la mettroit dans le fin fonds et abysme de la grandeur, etc. " (Brant. Dam. Gal. T. II, p. 156.

(1) comme si ce fût. — (2) sommes deffaits.