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Page:La Curne - Dictionnaire historique - 1875 - Tome 01.djvu/77

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AC — 53 — AC

droict à la caige en laquelle il (Papegaut) estoit accroué " (Rab. T. V, p. 33. - Voy. ibid. Not. 2.)

Accueil, subst. masc. Accueil. Abri, retraite. Élan, effort. Envie, desir. Prospérité, élévation.

Ce mot emprunte ses différentes significations du verbe ACCUEILLIR ci-après, qu'on écrivoit aussi Escueillir.

Nous lisous au premier sens :

... il lor fait si beax aqueuz,
Qu'il est tenu à plus cortoiz
Qu'onques veissent les françois.

Parten. de Blois, MS. de S. Ger. fol. 132, V° col. 2.

.... Se ge aim autrui que vos, Dont me doint Diex, malvais escueil.

Alex. et Aristote, MS. de S. Ger. fol. 72, V° col. 3.

(Voy. ACCUEILLANCE ci-après.)

Le verbe Accueillir ou Escueillir, a signifié Recueillir, en parlant des personnes, leur donner retraite : de là, on a dit Acueil ou Escueil, dans le même sens :

Son temps pert, jeunesce et le sien,
Qui mauvais sert ; s'il n'a escueil
D'estat, d'office, ou autre bien,
Pour vivre soy, etc.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 390, col. 1.

On trouve encore ce mot avec cette signification dans les vers suivans, où le Poëte parle de ceux qui présument pouvoir se mettre à l'abri des traits de l'amour :

Maintes gens ont un Escuel,
Ou soit à droit, soit à tort ;
Et àmours fiert sans deport ;
Jà ni doutera orguel.
Li sages plus s'en esmaie.

Anc. Poës. fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 11, R°.

Il est bon d'observer qu'on trouve acueil et Acuil, pour Escuel, dans les MSS. de MM. Baudelot et Clairembaut.

On disoit Accueil et Escueil, pour élan, du verbe s'accueillir ou s'escueillir, s'élancer : " Hurts, bouttements et accueils de chevaux. " (La Jaille, Champ de bataille, fol. 37, V°.)

De là, pour élan, saut :

Fut en sa chambre d'un Escueil.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 514, col. 4.

Et pour élan, effort :

Tu ne scés mie, je m'en vant....
Quel voie tu prens, ne recoeilles :
Mais tu le saras, se tu voels ;
Si en vaudra mieuls tes Escoels.

Froiss. Poës. MSS. p. 36, col. 2.

Dans une signification plus figurée, ce mot signifioit envie, desir, mouvement de l'âme qui se porte, s'élance vers un objet :

Simple et plaisant sont si vair oeil,
Sans fierté et sans orgueil,
Et si doucement attraiant,
Qu'il me donnent moult grant Escueil
D'avoir le bien que j'en recueil.

Froiss. Poës. MSS. p. 48, col. 2.

Nous venons de voir Accueil ou Escueil, employé pour élan, saut : de là, on s'en est servi par extension dans le sens d'élévation ; au figuré prospérité :

... de bas lieu venoient en Escueil.

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 127, col. 1.

... chetif sont en Escueil ; Et nulz n'a aux vaillans cuers l'oeil.

Id. ibid. fol. 197, col. 1.

VARIANTES :

ACCUEIL. Oliv. de la Marche, Gage de Bat. - La Jaille, Champ de Bat. fol. 37, V°.

ACUEIL. Chans. du C. Thib. MS. de Clairembaut, p. 19.

ACUIL. Chans. du C. Thib. MS. de Baudelot, p. 101.

AQUEUZ. (Plur.) Parten. de Bl. MS. de S. G. fol. 132, V°.

ESCOEIL. Froiss. Poës. MSS. p. 143, col. 2, et 144, col. 1.

ESCOEL. Froiss. Poës. MSS. p. 36, col. 2.

ESCUEIL. Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 390, col. 1.

ESCUEL. Chans. MS. du C. Thib. p. 23.

ESKEUL. Anc. Poës. fr. MS. du Vat. n° 1490, fol. 87, R°.

Accueillance,

subst. fém, Accueil.

(Du Cange, Gloss. Lat. au mot Acolhensa. - Voy. ACCUEIL ci-dessus.)

Accueillir,

verbe. Recueillir, amasser, rassembler. Associer. Engager. Accueillir, faire accueil. Accepter, recevoir. Prendre. Reprendre, reprimander. Attaquer, lancer. Attaquer, poursuivre. Pousser, exciter. Faire un élan, faire un effort. Mettre en mouvement.

Le premier sens est le sens propre de ce mot composé de la préposition A et du verbe CUEILLIR ci-après. Ménage le dérive du latin Adcolligere. (Voy. ACUEILLETER.)

On disoit figurément, " accueillir bon los. " (Anc. Poët. fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1429.)

Noble Lion le bestail vous appelle,
Et vous devez secourre vos Subgis.
Chacez ces loups....
....
Car vous pourriez par eux estre honnis,
Et acqueillir par leur fait povre nom .

Eust. des Ch. Poës. MSS. fol. 232, col. 4.

Accueillir, avec le pronom réciproque, signifioit s'amasser, se rassembler, de l'acception propre recueillir, rassembler des choses dispersées. (Voy. Nicot et Cotgr. Dict.) On a dit se cueillir, au même sens. (Voy. CUEILLIR.)

De la signification d'accueillir, rassembler, mettre ensemble, est née celle d'associer. " Je confirme que l'Abbé et le Couvent de Saint-Pere de Chartres.... tiennent.... en main-morte, pour accueillir moi et mes anceseurs en leurs prières. " (Charte de 1292, citée par D. Carpent. suppl. Gloss. de Du C. au mot Accolligere.)

On disoit aussi accueillir à un métier, pour y associer. " Item, que il ne puissent recevoir ès franchises que nous leur avons octroiées, forsque enfant d'ouvrier ou de monnoier, ou filz de fille d'ouvrier ou de monnoier ; ne acqueillir ou mestier iceus, ne autres, sens appeller les Mestres de nos Monnoyes, etc. " (Ord. T. I, p. 806.

(1) frappe. — (2) mauvais renom.