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Achenez,

part. plur.

Ce mot paroît être une corruption d'acharnez dans ce passage : " En ce temps étoient les Arminaz plus achenez à cruaulté que oncques mais. " (Journ. de Paris, sous Charles VI et VII, an 1420, p. 62. - Voy. ACHARNER ci-devant.)

Acherissement,

subst. masc. Caresses.

Du verbe CHERIR ci-après. " M'est cremeur amoureuse entrée au corps, et desir au cueur de le veoir, car de leur acherissement ne me doubte-je pas. " (Percef. Vol. IV, fol. 141, R° col. 1.)

Acherure,

subst. fém. L'action d'acérer.

(Voy. D. Carp. Suppl. Gloss. de Du C. au mot Acherure.)

Achesmure,

subst. fém. Parure.

(Voy. Anc. Poët. fr. MSS. av. 1300, T. III, p. 1201, et l'article ACESMEMENT ci-dessus.)

Achetement,

subst. masc. Achat.

Du mot achet sous ACHAPT ci-dessus. (Voy. Gloss. Gall. Lat. ex Cod. Reg. cité par D. Carp. Suppl. Gloss. de Du C. au mot Achetum.)

Achetivé,

partic. Captif. Restreint, borné.

Au premier sens, c'est le participe du verbe achetiver, employé substantivement. " Delivrerez achetivez qui sont en ceste terre. " (Lanc. du Lac, T. II, fol. 8, V° col. 1.)

Achetivé signifie donc proprement captivé, rendu captif. De là, ce mot dans la signification générale de borné, restreint, resserré dans des bornes.

On a dit, en comparant le mal que peuvent faire deux hommes, tous deux méchans, mais l'un ayant le pouvoir en main et l'autre sans pouvoir :

Li poures hom mauvès Ne porte que son fès : C'est chose achetivée ; Et riches Bers punès, Quant se faut lonc tens mès, En valt meins sa contrée.

Prov. du C. de Bret. MS. de S. Ger. fol. 115, V° col. 1.

Achetiver,

verbe. Emprisonner, rendre captif. Rendre malheureux, chetif.

On a dit chetif, pour captif. De là, le verbe achetiver, pour rendre captif, emprisonner. (Cotgr. Dict. - Voy. Chron. fr. MS. de Nangis, p. 2.) Dans le Gloss. de Labbe, Acheitiver est l'explication du latin captivare.

Dans un sens plus général, Achetiver signifioit rendre malheureux, chetif, en latin calamitare. (Voy. Gloss. de Labbe, p. 492.)

VARIANTES :

ACHETIVER. Cotgrave, Dict.

ACHETIFVER. Corn. Dict.

ACHOITIVER. Gloss. du P. Labbe, p. 493.

Achevement,

subst. masc. Projet, entreprise.

Chose à finir, à exécuter. C'est une extension de l'acception propre et subsistante du mot achevement, action d'achever. (Voy. ACHEVER ci-après.) " Nouveau desir et nouvel achevement lui vint au devant ; ce fut de trouver la Pucelle aux deux Dragons. " (Percef. Vol. VI, fol. 51, R° col. 2. - Voy. ACHEVEUR ci-après.)

VARIANTES :

ACHEVEMENT. Al. Chart. Poës. p. 798.

ACHEVEMANT. Monet, Dict.

Achever,

verbe. Obtenir. Finir.

Du mot chef, employé figurément dans la signification de but capital, l'on a dit achever pour venir à chef, venir à son but, obtenir :

Amor et bonne esperance De ma grant joie achiever, M'a donné force et poissance Et volonté de chanter.

Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. II, p. 804.

Morir vueil ou achever ; Mes espérances m'afie Que cil doit merci trover, Qui sait servir et amer.

Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. IV, p. 1580.

(Voy. CHEVIR ci-après.)

Dans un sens figuré, en prenant le but pour le terme, on a dit achever, pour parvenir au terme, finir.

La vie d'ome tost achieve.

Vie de Ste Katerine, MS. de Sorb. chiff. LX, col. 41.

Au reste, ce verbe conserve encore la signification de finir ; mais elle est toujours active. (Voy. ACTABER ci-après et ACABAT ci-dessus.)

VARIANTES :

ACHEVER. Du Cange. Gloss. Lat.

ACHAIFFER. Fabl. MS. du R. n° 7615, T. II, fol. 168, R° col. 2.

ACHEVIR. Rom. de la Rose, vers 1127.

ACHIEVER. Anc. Poët. Fr. MSS. avant 1300, T. II, p. 804.

ACHIVER. Borel, Dict.

ACIEVER. Anc. Poës. fr. MS. du Vatic, n° 1430, fol. 32, R°.

AKIEVER. Vies des SS. MS. de Sorb. Chiffr. LX, col. 55.

ARCHIEVER. Fabl. MS. du R. n° 7615, T. II, fol. 168, R° col. 2.

Acheveur,

subst. masc. Exécuteur.

C'est en ce sens qu'on a dit d'un Chevalier : " Fut l'un des preux.... le mieulx aimé des pucelles, car si fut leur Dieu, et de leurs desirs l'acheveur. " (Percef. Vol. V, fol. 109, V° col 1. - Voy. ACHEVEMENT ci-devant.)

Achevissance,

subst. fém. Achevement.

Exécution entière, accomplissement d'une chose. J. Le Maire, dans le discours qu'il prête à la Déesse Pallas s'adressant au berger Pâris, fait l'énumération de toutes les vertus nécessaires aux guerriers. Il en termine la liste par celles-ci : " Armature de prudence, conduite louable, déduction prospère et glorieuse achevissance ; sans lesquelles vertus (ajoute Pallas), mon frere le Dieu Mars ne sauroit conduire ses batailles. " (Illustr. des Gaules, liv. I, p. 102.)

C'est en ce même sens qu'on a fait de ce mot, le nom d'un personnage allégorique dans le Colloque des 12 Dames (MS. du R. n° 1490.) Glorieuse ache-


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