Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/105

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un accueil glacial ; je n’avais pas suivi sa volonté, c’était assez. Il ne se leva pas de son bureau, ne m’embrassa pas, et les idées les plus tristes s’emparèrent de moi. Au bout d’une demi-heure il voulut bien m’accompagner jusqu’au couvent où étaient mes filles. Il fallut les prévenir de mon arrivée et les préparer à un événement qu’on ne leur avait pas dit possible. Je revis donc ces enfants ; il y avait déjà trois ans d’écoulés depuis notre séparation. Elles pleuraient de joie et je retrouvai en elles toute la sensibilité qu’elles m’avaient démontrée dans leur tendre enfance. Henriette n’avait pas embelli ; son nez s’était un peu gâté en devenant un peu aquilin, la bouche qu’elle avait très jolie n’était plus ainsi, ayant pris la mauvaise habitude de mordre ses lèvres à chaque instant, et dans le moment même elles étaient extrêmement enflées. Pour Alexandrine qui n’annonçait pas d’être aussi jolie que sa sœur, elle me surprit pour son changement en bien.

Je vis Mme de Fussières, supérieure du couvent, elle me fit préparer une chambre en dehors et je fus chez Mmes de Choisy, amies de mon frère. Je ne comptais rester que quinze jours à Vienne ; mon frère, qui savait qu’il devait se passer des événements à Paris et qui croyait fermement