Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/107

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trouverai heureuse, lorsque je pourrai les reconnaître. » Je restai avec elle à peu près deux heures qu’elle passa dans la salle de la communauté. Mes filles y étaient aussi, elle leur parlait souvent avec la plus grande affabilité et intérêt.

Je restai donc à Vienne. Mon mari vint me rejoindre de Londres. Je pris un logement bien modeste. Pour alimenter ma bourse, je fis un petit commerce ; je travaillais aussi beaucoup. Le séjour de Vienne était extrêmement cher, le gouvernement ne donnait aucun secours aux émigrés ; il fallait donc se tirer d’affaire par soi-même. Je vivais très retirée et ne voyais absolument que quelques familles françaises qui logeaient comme moi dans le faubourg de Renevez. Dans le nombre je distinguai Mme la marquise de Montaigu, d’Avignon ; elle avait avec elle son fils et sa fille. Ces deux enfants étaient l’exemple de la piété filiale : ils travaillaient pour leur mère et adoucissaient son sort autant qu’ils le pouvaient. Je voyais tous les soirs le fils y passer une heure avec moi, et chaque fois je me disais : « Qu’une mère est heureuse d’avoir un tel fils ! »

Il arriva un événement qui donna quelque inquiétude au gouvernement : je vais dire ce qui fut rapporté à ce sujet dès le lendemain. Bernadotte