Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/117

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partez. » Il fallut faire viser nos passeports ; je voulus aller moi-même à la mairie, mais on m’évita cette peine. Un membre de la municipalité se chargea de tout, et au moyen d’un petit écu par passeport, nous nous en tirâmes fort heureusement.

Nous restâmes deux jours à Strasbourg. Nous vîmes le beau mausolée du maréchal de Saxe. Nous cherchions à vendre la voiture ; mais nous n’en trouvâmes presque rien. L’armée française qui rentrait en amenait aussi bon nombre, que l’on avait volées en Allemagne. Je me décidai à la laisser en chargeant le maître de l’auberge de la vendre.

Je louai une voiture pour nous conduire à Nancy et nous nous y rendîmes dans trois jours. À la dernière couchée avant Nancy, la maîtresse de l’auberge était une furieuse jacobine ; elle était, à ce que l’on nous dit, sœur d’un prêtre jureur qui desservait la paroisse. Mon domestique voulut la faire parler. Elle dit mille horreurs de mon frère et ajouta : « Il a emporté l’argent des pauvres. – Vous m’étonnez, lui dis-je, car je suis sûre que dans l’hiver de 88 à 89, il a donné en charités aux pauvres de son diocèse plus de 40,000 francs, et le fait est si vrai que les journalistes les plus révolutionnaires l’ont dit ainsi dans leurs gazettes. » J’avais lu ce que je rapportais dans