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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/20

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Sans doute que le parti révolutionnaire, qui voulait l’émigration de la noblesse pour s’emparer de ses biens, avait fait circuler ces bruits de rassemblement auprès des princes, bien sûr que l’honneur en ferait partir beaucoup. De plus, leur crainte était qu’elle ne combattit à l’intérieur, et ces révolutionnaires craignaient avec raison la bravoure de la noblesse. Il est bien démontré aujourd’hui que c’était un piège qu’on lui tendait et auquel malheureusement on est tombé. Car quelle eut été la force de cette armée vendéenne, si tous les gentilshommes émigrés s’y étaient réunis !

Peu de jours après le départ de mon mari, j’eus la triste nouvelle de la mort de mon père. Je n’étais pas seule alors chez moi. Deux grands-vicaires de l’évêque de Luçon, M. l’abbé de Rieussec et M. l’abbé Villoing restèrent avec moi pour me donner quelques consolations. Le premier était un homme de beaucoup d’esprit, excellent prédicateur, et sa fin a été la suite de ses principes. Passé en France avec l’évêque de Dol pour l’expédition de Quiberon, il finit à côté de son évêque ; il pouvait se sauver, mais il ne le voulut pas, et jusqu’à son dernier moment, il donna les secours spirituels à ses amis, braves royalistes qui périrent pour leur Dieu et leur Roi.