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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/22

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la mère de mon chirurgien pour me dire que, si on disait la messe chez moi, il me dénoncerait. Cette pauvre femme, qui m’était très attachée, employa tous les moyens pour me détourner de mon projet. Je lui dis de faire savoir à l’intrus que je ne craignais pas ses menaces, qu’un décret de l’Assemblée était pour moi ; puisque la liberté des cultes était décrétée, je pouvais exercer le mien partout où il me plairait ; le sien n’étant pas le mien, je ne pouvais aller à la paroisse. Cette réponse ferme l’intimida et il me laissa tranquille. Chaque dimanche et fête, j’avais toujours un grand-vicaire pour me dire la messe.

À cette époque, on me faisait dire de partout d’ôter mes bancs, qui étaient dans le chœur des paroisses dont mon mari était seigneur, de faire couvrir les armoiries qui étaient au fronton de la façade du château. À toutes ces représentations, je répondais : « Je n’en ferai rien, tout restera à sa place. » Et il est de fait que les bancs n’ont jamais été ôtés et que les armoiries n’ont été plâtrées que longtemps après mon départ. Une femme de mes amies m’écrivait à Trèves quelques mois après : « Je ne sais comment vous avez fait ; quoique absente, on vous craint ; tout est resté en place chez vous ; et moi, malgré