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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/45

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avec mon frère, et cela se passa ainsi jusqu’à la saison des eaux, où je me décidai à aller à Bertricht, pour y prendre des bains, dont les eaux savonneuses étaient renommées pour les nerfs.

Quelque temps avant, la colonie eut des inquiétudes. Les Français menaçaient Trèves, et plusieurs familles d’émigrés s’éloignèrent par peur. Comme Bertricht était extrêmement à l’écart, je jugeai que cette position était rassurante. Elle était resserrée entre deux montagnes à pic. Pour y arriver, il fallait descendre pendant une lieue et sans pouvoir s’apercevoir qu’il puisse y avoir aucune habitation. Les maisons étaient adossées à une montagne. Une rivière non navigable, toute remplie de grosses pierres, ne faisait apercevoir que par son cours qu’on pouvait sortir de cet endroit sauvage. Beaucoup de Français y vinrent. Je fis connaissance avec la comtesse et la vicomtesse de Chavagnac, sœurs et belles-sœurs en même temps. Il y vint le prince héréditaire de Neuwied, qui était tombé dans un état de démence par suite de débauche. Il avait eu, à ce que disait son gouverneur, un esprit brillant. Il n’était pas méchant. Ce qui étonnait tout le monde, c’est que, sachant plusieurs langues, jamais il ne parlait que celle propre