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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/69

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grand nombre, gens misérables couverts de haillons. Une petite chambre était au fond et l’on y donnait place en payant un peu plus, nous y entrâmes. J’y trouvai M. le comte de Chamborant, colonel du régiment, et deux autres émigrés dont je ne me rappelle pas les noms. Il nous raconta ses aventures, nous les nôtres, et notre trajet ne nous parut pas si long.

Nous arrivâmes de très bonne heure à Francfort. Nous trouvâmes place dans une auberge, mais on nous signifia que nous ne pouvions y rester que vingt-quatre heures. Le temps était court pour trouver un asile ailleurs. Un émigré que j’y trouvai et que j’avais vu aux eaux d’Ems, me conseilla d’aller à Offenbach, résidence du prince d’Ysembourg et de la princesse de Reuss qui était princesse de Nassau-Weilbourg, que j’obtiendrais sûrement la permission de séjourner dans sa souveraineté. Je suivis son avis. Je fus à pied à Offenbach avec mon mari ; je laissai mes enfants avec Saint-Jean. Je me présentai chez la princesse de Reuss. Elle m’accueillit avec le plus vif intérêt, me promit de parler au prince pour moi ; qu’elle ne me dissimulait pas que je trouverais bien des difficultés à vaincre ; que sa régence venait tout récemment de lui arracher l’ordre de ne plus recevoir d’émigrés, qu’elle