Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/85

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mauvaises nouvelles auraient pu la faire revenir en ville, je me décidai à aller chez elle. J’étais d’une grande faiblesse, elle logeait assez loin de moi, il me fallait m’arrêter à chaque instant et m’appuyer contre le mur pour me reposer. J’entrai chez la baronne, et elle se jeta à mon cou en me disant : « Qu’avez-vous donc ? vous êtes horriblement changée. » Je lui fis un petit détail de mes peines et j’ajoutai : « Que vais-je devenir, si les Français arrivent jusqu’ici ? – Mais, mon Dieu, est-ce que vous n’avez pas vu mon domestique que je vous ai envoyé avec une lettre de moi pour vous donner l’assurance que je m’occupais de votre sûreté ? Je vais faire partir dans trois jours une diligence chargée d’effets précieux du chapitre de Cologne, vous y aurez la première place. Elle s’arrêtera à Wurtzbourg. Si le danger est passé, elle reviendra, et vous avec elle. Mais pourquoi n’iriez-vous pas à Vienne joindre Monsieur votre frère et voir vos filles ? – Ah ! lui dis-je, je n’ai ni argent ni passeports. – Je vous prêterai la première chose et Monsieur votre frère vous procurera la seconde. Si rendue à Wurtzbourg, vous ne trouvez pas les moyens d’aller plus loin, écrivez-moi aussitôt ; je veux être votre ange tutélaire. » Je versai des larmes de reconnaissance ; elle mêla les siennes