Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/89

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gouvernante me servait, me faisait mon petit ordinaire. Je restai à peu près trois semaines dans cette ville, j’avais un vrai besoin de repos. J’allais toutes les après-dînées chez la comtesse de Boisgelin, et je passais assez agréablement mon temps. Je fis connaissance avec l’intéressante famille de Bombelles ; Madame était grosse de son neuvième enfant.

Il me fallut quitter Ratisbonne pour suivre la destination que mon frère me donnait. Il était devenu mon maître, je dépendais absolument de lui. Il n’y avait pas de diligence de Ratisbonne à Munich. Il fallait louer une voiture pour moi toute seule. C’était bien cher. Je cherchai des compagnons de voyage ; je n’en pus trouver qu’un. C’était le comte de ***, chambellan de l’Électeur qui devait aller faire son service. C’était un jeune homme qui ne parlait jamais. Le marché fait pour la voiture, il venait chaque jour chez moi, y passait deux à trois heures et je n’en avais pas une seule parole. Un tel compagnon ne devait pas m’ennuyer par son bavardage ; mais un être causant agréablement m’aurait plu davantage. Trois jours de route sont bien longs avec une personne dont vous ne pouvez espérer même une réponse. Je plaisantais de mon compagnon de voyage avec la famille de Boisgelin. Il demeurait