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Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/92

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Je n’en voulus rien croire et j’ajoutai : « J’aurai, Mesdames, un ordre de l’Électeur ; voyez si vous voulez que j’en vienne là. » Je leur demandai d’entrer dans leur couvent pour me convaincre par moi-même de la vérité. Elles voulaient me refuser. Mais tout en riant et me fâchant, la porte me fut ouverte. Je parcourus toute la maison, et je trouvai une grande chambre donnant sur le jardin et un fort joli cabinet. Je leur dis que ce logement me convenait, qu’il fallait me le faire arranger et que, le 1er de mars, je viendrais l’occuper. Je fis le prix pour ma nourriture, le bois, la lumière, le blanchissage ; et le tout fut convenu à trente francs par mois. Ce n’était pas cher, et d’autant moins que j’étais parfaitement nourrie : cinq bons plats à mon dîner avec dessert et vin ; à la vérité, je ne soupais pas. Elles croyaient que je dusse tout manger et me croyaient malade en voyant revenir les deux tiers des plats. Je vivais tristement, toujours seule. La supérieure venait tous les jours savoir de mes nouvelles, ainsi que l’assistante. Je me livrai à l’ouvrage. Je brodais pour une dame française qui s’était faite marchande de modes à Munich. Les beaux jours venus, j’allais me promener dans les jardins de Nymphenbourg. Le couvent était adossé au château et par une