Page:La Fare - Mémoires de Madame la Comtesse de la Bouquetière de Saint-Mars, 1884.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aux personnes à qui il s’adressait. Il inspirait de la pitié. C’était un grand exemple pour les jeunes gens qui se livrent à toutes leurs passions.

À la fin de juin, l’horizon en politique s’éclaircit. On vit avec certitude, par le mouvement des troupes prussiennes et la direction qu’elles prenaient vers la France, que le roi de Prusse allait prêter son secours au malheureux Louis XVI. Les émigrés, en état de porter les armes, songèrent à se rallier à un corps de combattants, et bientôt Bertricht devint désert. À une lieue de là, dans une plaine, l’armée prussienne devait y camper ; nous nous rendîmes pour la voir arriver. Ah ! qu’elle était belle cette armée ! quel beau coup d’œil ! Plusieurs généraux nous invitèrent à entrer dans leurs tentes. Ils parlaient avec assurance de leurs succès à venir et faisaient entrer facilement dans nos cœurs la douce espérance de voir nos maux finir, les factieux punis et l’auguste maison régnante rétablie dans tous ses droits. Qui aurait pu douter un instant du succès ? Ils nous dirent que l’armée était forte de 70,000, en tout 80,000 avec sa suite. La cavalerie n’était pas encore arrivée. Elle vint passer près de Bertricht le surlendemain, ayant les jeunes princes de Prusse, fils du roi à leur tête.