Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/293

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auprès de Consalve et sauverez-vous Alamir ?

— La destinée de ce prince est entre vos mains, madame, lui répondit-il.

— Entre mes mains ? s'écria-t-elle, hélas ! et par quelle aventure pourrais-je quelque chose pour le salut d'Alamir ?

— Je vous réponds de sa vie, repartit-il, mais, pour me mettre en pouvoir de tenir ma parole, il faut m'apprendre les raisons qui vous font prendre un intérêt si vif à sa conservation, et il faut me les apprendre avec une vérité exacte, aussi bien que tout ce qui regarde les aventures de ce prince.

— Ah ! don Olmond, que me demandez-vous ? répondit Félime. À ces mots, elle demeura quelque temps sans parler, puis tout d'un coup reprenant la parole :

— Mais ne savez-vous pas, lui dit-elle, qu'il est parent d'Osmin et de Zuléma, que nous le connaissons il y a longtemps, que son mérite est extraordinaire, et n'est-ce pas assez pour avoir soin de sa vie ?

— Le soin que vous en prenez ; madame, répliqua don Olmond, a des raisons plus pressantes ; s'il vous coûte trop de me les apprendre, il dépend de vous de ne le faire pas, mais vous trouverez bon aussi que je me dégage de ce que je vous viens de promettre.

— Quoi ! don Olmond, répliqua-t-elle, la vie d'Alamir n'est qu'à ce prix ! Et que vous importe de savoir ce que vous me demandez ?

— Je suis bien fâché de ne vous le pouvoir dire, reprit don Olmond, mais, madame, encore une fois, je ne puis rien autrement, et c'est à vous de choisir. Félime demeura longtemps les yeux baissés, dans un si profond silence que don Olmond en était surpris. Enfin, se déterminant tout d'un coup :

— Je vais faire, lui dit-elle, la chose du monde que j'aurais le moins cru pouvoir