Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 1.djvu/377

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

plaignez point de moi, lui dit-elle, plaignez-vous d'être né Espagnol ; quand je serais pour vous, comme vous le pouvez désirer, et quand mon père ne serait point prévenu, votre patrie serait toujours un obstacle invincible à ce que vous souhaitez et Zuléma ne consentirait jamais que je fusse à vous.

— Permettez-moi au moins, madame, répliqua Consalve, de lui faire savoir mes sentiments. La répugnance que vous avez témoignée pour Alamir, lui a dû ôter l'espérance de vous faire épouser un homme de sa religion ; peut-être n'est-il pas si attaché aux paroles d'Albumazar que vous le pensez ; enfin, madame, permettez-moi de tenter toutes choses pour parvenir à bonheur sans lequel il m'est impossible de vivre.

— Je consens à ce que vous voulez, dit Zayde, et je veux bien même que vous croyiez que je crains que tout ce que vous tenterez ne soit inutile.

Consalve s'en alla à l'heure même trouver le roi pour le supplier de lui aider dans le dessein qu'il avait de savoir les sentiments de Zuléma et d'essayer de se les rendre favorables. Ils résolurent de donner cette commission à don Olmond, que son adresse et son amitié pour Consalve rendaient plus capable qu'aucun autre d'y réussir. Le roi écrivit par lui à Zuléma et lui demanda Zayde pour Consalve de la même manière qu'il l'aurait demandée pour lui-même. Le voyage de don Olmond et la lettre de don Garcie furent inutiles. Zuléma répondit que le roi lui faisait trop d'honneur, qu'il avait sa fille entre les mains, qu'il en pouvait disposer, mais que, de son consentement, elle n'épouserait jamais un homme d'une religion contraire à la