Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/100

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qui venait du château des Tournelles, qui traversait la rue Saint-Antoine, et qui allait rendre aux écuries royales. Il y avait des deux côtés des échafauds et des amphithéâtres, avec des loges couvertes, qui formaient des espèces de galeries, qui faisaient un très-bel effet à la vue, et qui pouvaient contenir un nombre infini de personnes. Tous les princes et seigneurs ne furent plus occupés que du soin d’ordonner ce qui leur était nécessaire pour paraître avec éclat, et pour mêler dans leurs chiffres ou dans leurs devises quelque chose de galant qui eût rapport aux personnes qu’ils aimaient.

Peu de jours avant l’arrivée du duc d’Albe, le roi fit une partie de paume avec M. de Nemours, le chevalier de Guise, et le vidame de Chartres. Les reines les allèrent voir jouer, suivies de toutes les dames, et entre autres de madame de Clèves. Après que la partie fut finie, comme l’on sortait du jeu de paume, Chastelart s’approcha de la reine dauphine, et lui dit que le hasard lui venait de mettre entre les mains une lettre de galanterie qui était tombée de la poche de M. de Nemours. Cette reine, qui avait toujours de la curiosité pour ce qui regardait ce prince, dit à Chastelart de la lui donner : elle la prit, et suivit la reine sa belle-mère, qui s’en allait avec le roi voir travailler à la lice. Après que l’on y eut été quelque temps, le roi fit amener des chevaux qu’il avait fait venir depuis peu. Quoiqu’ils ne fussent pas encore dressés, il les voulut monter, et en fit donner à tous ceux qui l’avaient suivi. Le roi et M. de Nemours se trouvèrent sur les plus fougueux : ces chevaux se voulurent jeter l’un à l’autre. M. de Nemours, par la crainte de blesser le