Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/152

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avait avoué à son mari la passion qu’elle avait pour un autre. Il l’assura que M. de Nemours était celui qui avait inspiré cette violente passion, et il la conjura de lui aider à observer ce prince. Madame de Martigues fut bien aise d’apprendre ce que lui dit le vidame ; et la curiosité qu’elle avait toujours vue à madame la dauphine pour ce qui regardait M. de Nemours lui donnait encore plus d’envie de pénétrer cette aventure.

Peu de jour avant celui que l’on avait choisi pour la cérémonie du mariage, la reine dauphine donnait à souper au roi son beau-père et à la duchesse de Valentinois. Madame de Clèves, qui était occupée à s’habiller, alla au Louvre plus tard que de coutume. En y allant, elle trouva un gentilhomme qui la venait querir de la part de madame la dauphine. Comme elle entra dans sa chambre, cette princesse lui cria de dessus son lit, où elle était, qu’elle l’attendait avec une grande impatience. Je crois, madame, lui répondit-elle, que je ne dois pas vous remercier de cette impatience, et qu’elle est sans doute causée par quelque autre chose que par l’envie de me voir. Vous avez raison, lui répliqua la reine dauphine : mais, néanmoins, vous devez m’en être obligée ; car je veux vous apprendre une aventure que je suis assurée que vous serez bien aise de savoir.

Madame de Clèves se mit à genoux devant son lit, et par bonheur pour elle, elle n’avait pas le jour au visage. Vous savez, lui dit cette reine, l’envie que nous avions de deviner ce qui causait le changement qui paraît au duc de Nemours : je crois le savoir, et c’est une chose qui vous surprendra. Il est éperdûment