e cardinal de Lorraine s’était rendu maître absolu
de l’esprit de la reine mère : le vidame de Chartres
n’avait plus aucune part dans ses bonnes graces, et
l’amour qu’il avait pour madame de Martigues et pour
la liberté l’avait même empêché de sentir cette perte
autant qu’elle méritait d’être sentie. Ce cardinal, pendant
les dix jours de la maladie du roi, avait eu le
loisir de former ses desseins, et de faire prendre à la
reine des résolutions conformes à ce qu’il avait projeté ;
de sorte que, sitôt que le roi fut mort, la reine
ordonna au connétable de demeurer aux Tournelles,
auprès du corps du feu roi, pour faire les cérémonies
ordinaires. Cette commission l’éloignait de tout, et lui
ôtait la liberté d’agir. Il envoya un courrier au roi de
Navarre, pour le faire venir en diligence, afin de
s’opposer ensemble à la grande élévation où il voyait
que MM. de Guise allaient parvenir. On donna le
commandement des armées au duc de Guise, et les
finances au cardinal de Lorraine : la duchesse de Valentinois
fut chassée de la cour : on fit revenir le