Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/208

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

avez eu pour moi ; peut-être ne me croiriez-vous pas quand je vous le dirais : je vous avoue donc, non-seulement que je l’ai vu, mais que je l’ai vu tel que vous pouvez souhaiter qu’il m’ait paru. Et si vous l’avez vu, madame, interrompit-il, est-il possible que vous n’en ayez point été touchée ? Et oserais-je vous demander s’il n’a fait aucune impression dans votre cœur ? Vous en avez dû juger par ma conduite, lui répliqua-t-elle ; mais je voudrais bien savoir ce que vous en avez pensé. Il faudrait que je fusse dans un état plus heureux pour vous l’oser dire, répondit-il ; et ma destinée a trop peu de rapport à ce que je vous dirais. Tout ce que je puis vous apprendre, madame, c’est que j’ai souhaité ardemment que vous n’eussiez pas avoué à M. de Clèves ce que vous me cachiez, et que vous lui eussiez caché ce que vous m’eussiez laissé voir. Comment avez-vous pu découvrir, reprit-elle en rougissant, que j’aie avoué quelque chose à M. de Clèves ? Je l’ai su par vous-même, madame, répondit-il ; mais, pour me pardonner la hardiesse que j’ai eue de vous écouter, souvenez-vous si j’ai abusé de ce que j’ai entendu, si mes espérances en ont augmenté, et si j’ai eu plus de hardiesse à vous parler.

Il commença à lui conter comme il avait entendu sa conversation avec M. de Clèves ; mais elle l’interrompit avant qu’il eût achevé. Ne m’en dites pas davantage, lui dit-elle ; je vois présentement par où vous avez été si bien instruit ; vous ne me le parûtes déjà que trop chez madame la dauphine, qui avait su cette aventure par ceux à qui vous l’aviez confiée.

M. de Nemours lui apprit alors de quelle sorte la