Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/26

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à l’admirer, et que, sans la connaître, il avait eu pour elle tous les sentiments de respect et d’estime qui lui étaient dus.

Le chevalier de Guise et lui, qui étaient amis, sortirent ensemble de chez Madame. Ils louèrent d’abord mademoiselle de Chartres sans se contraindre : ils trouvèrent enfin qu’ils la louaient trop, et ils cessèrent l’un et l’autre de dire ce qu’ils en pensaient ; mais ils furent contraints d’en parler les jours suivants par tout où ils se rencontrèrent. Cette nouvelle beauté fut long-temps le sujet de toutes les conversations. La reine lui donna de grandes louanges, et eut pour elle une considération extraordinaire ; la reine dauphine en fit une de ses favorites, et pria madame de Chartres de la mener souvent chez elle ; Mesdames, filles du roi, l’envoyaient chercher pour être de tous leurs divertissements : enfin elle était aimée et admirée de toute la cour, excepté de madame de Valentinois. Ce n’est pas que cette beauté lui donnât de l’ombrage ; une trop longue expérience lui avait appris qu’elle n’avait rien à craindre auprès du roi ; mais elle avait tant de haine pour le vidame de Chartres, qu’elle avait souhaité d’attacher à elle par le mariage d’une de ses filles, et qui s’était attaché à la reine, qu’elle ne pouvait regarder favorablement une personne qui portait son nom, et pour qui il faisait paraître une grande amitié.

Le prince de Clèves devint passionnément amoureux de mademoiselle de Chartres, et souhaitait ardemment de l’épouser ; mais il craignait que l’orgueil de madame de Chartres ne fût blessé, de donner sa fille à un homme qui n’était pas l’aîné de sa maison. Cependant