Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/261

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Le duc de Guise, qui avait beaucoup d’esprit et qui était fort amoureux, n’eut besoin de consulter personne pour entendre tout ce que signifiaient les paroles de la princesse. Il lui répondit avec beaucoup de respect : J’avoue, madame, que j’ai eu tort de ne pas mépriser l’honneur d’être beau-frère de mon roi, plutôt que de vous laisser soupçonner un moment que je pouvais désirer un autre cœur que le vôtre ; mais, si vous voulez me faire la grace de m’écouter, je suis assuré de me justifier auprès de vous. La princesse de Montpensier ne répondit point ; mais elle ne s’éloigna pas, et le duc de Guise, voyant qu’elle lui donnait l’audience qu’il souhaitait, lui apprit que, sans s’être attiré les bonnes graces de Madame par aucun soin, elle l’en avait honoré ; que, n’ayant nulle passion pour elle, il avait très-mal répondu à l’honneur qu’elle lui faisait, jusqu’à ce qu’elle lui eût donné quelque espérance de l’épouser ; qu’à la vérité, la grandeur où ce mariage pouvait l’élever l’avait obligé de lui rendre plus de devoirs ; et que c’était ce qui avait donné lieu au soupçon qu’en avaient eu le roi et le duc d’Anjou ; que l’opposition de l’un ni de l’autre ne le dissuadait pas de son dessein ; mais que, si ce dessein lui déplaisait, il l’abandonnait, dès l’heure même, pour n’y penser de sa vie. Le sacrifice que le duc de Guise faisait à la princesse lui fit oublier toute la rigueur et toute la colère avec laquelle elle avait commencé de lui parler. Elle changea de discours, et se mit à l’entretenir de la faiblesse qu’avait eue Madame de l’aimer la première, et de l’avantage considérable qu’il recevrait en l’épousant. Enfin, sans rien dire d’obligeant au duc de Guise,