Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 2.djvu/511

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lettres.

Grignan : elle en dit beaucoup de bien, mais sans aucune affectation. Elle ne voit plus qui que ce soit au monde sans exception. Si Dieu fixe cette bonne tête-là, ce sera un des grands miracles que j’aurai jamais vus.

J’allai hier au Palais-Royal, avec madame de Monaco ; je m’y enrhumai à mourir : j’y pleurai Madame[1] de tout mon cœur. Je fus surprise de l’esprit de celle-ci[2]; non pas de son esprit agréable, mais de son esprit de bon sens. Elle se mit sur le ridicule de M. de Mekelbourg d’être à Paris présentement ; et je vous assure que l’on ne peut mieux dire. C’est une personne très-opiniâtre et très-résolue, et assurément de bon goût ; car elle hait madame de Gourdon à ne la pouvoir souffrir. Monsieur me fit toutes les caresses du monde, au nez de la maréchale de Clérembault[3]: j’étais soutenue de la Fiennes, qui la hait mortellement, et à qui j’avais donné à dîner, il n’y a que deux jours. Tout le monde croit que la comtesse du Plessis[4] va épouser Clérembault.

M. de la Rochefoucault vous fait cent mille compliments : il y a quatre ou cinq jours qu’il ne sort point ; il a la goutte en miniature. J’ai mandé à madame du

  1. Henriette-Anne d’Angleterre, morte le 29 juin 1670
  2. Elisabeth-Charlotte, palatine du Rhin, que Monsieur, frère unique de Louis XIV, épousa en secondes noces le 21 novembre 1671.
  3. Gouvernante des enfants de Monsieur.
  4. Marie-Louise le Loup de Bellenave, veuve d’Alexandre de Choiseul, comte du Plessis ; et remariée depuis à René Gilier du Puygarreau, marquis de Clérembault, premier écuyer de Madame, duchesse d’Orléans.