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lettres.

Notre pauvre ami Croisilles[1] est toujours à Saint-Gratien : il me mande qu’il se porte fort bien à sa campagne ; il faudrait que vous vissiez comme il est fait, pour admirer qu’il se vante de se porter fort bien ; nous en sommes véritablement en peine, le chevalier de Grignan et moi. L’abbé Testu est allé faire un voyage à la campagne ; nous le soupçonnons, M. de Chaulnes et moi, d’être allé à la Trappe. La bonne femme, madame l’Avocat, est bien malade ; il y a aussi-bien longtemps qu’elle est au monde. Je suis toute à vous, ma chère amie, et à toute votre aimable et bonne compagnie.

L’on vient de me dire que M. de la Feuillade[2] était mort cette nuit ; si cela est véritable, voilà un bel exemple pour se tourmenter des biens de ce monde.




LETTRE XII.
Paris, 26 septembre 1691.

Venir à Paris pour l’amour de moi, ma chère amie ! la seule pensée m’en fait peur. Dieu me garde de vous déranger ainsi ! et, quoique je souhaite ardemment le plaisir de vous voir, je l’acheterais trop cher, si c’était à vos dépens. Je vous mandai, i y a huit jours, la vé-

  1. Frère du maréchal de Catinat.
  2. François d’Aubusson, duc de la Feuillade, pair et maréchal de France, gouverneur de Dauphiné, et père du dernier maréchal de ce nom.