ous ceux qui se mêlent de peindre des belles se
tuent de les embellir pour leur plaire, et n’oseraient
leur dire un seul de leurs défauts ; mais pour moi,
madame, grâce au privilége d’inconnu que j’ai auprès
de vous, je m’en vais vous peindre bien hardiment, et
vous dire toutes vos vérités tout à mon aise, sans
craindre de m’attirer votre colère. Je suis au désespoir
de n’en avoir que d’agréables à vous conter ; car ce
me serait un grand déplaisir si, après vous avoir
reproché mille défauts, je voyais cet inconnu aussi-bien
reçu de vous que mille gens qui n’ont fait toute
leur vie que de vous louer. Je ne veux point vous accabler
de louanges, et m’amuser à vous dire que votre
taille est admirable, que votre teint a une beauté et
une fleur qui assurent que vous n’avez que vingt ans,
que votre bouche, vos dents et vos cheveux sont