Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/137

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femme en Angleterre, où peut-être n’a-t-il pas encore la liberté de déclarer son mariage.

Voilà, continua M. de Châlons, ce qui me donne l’air si coupable : il y va de tout mon bonheur que mademoiselle de Mailly en soit instruite ; tous les moments qui s’écouleront jusque-là sont perdus pour mon amour.

M. de Canaple ne tarda pas à satisfaire son ami : il vit mademoiselle de Mailly ; il lui apprit tout ce que M. de Châlons venait de lui apprendre. Elle écoutait avidement tout ce qui pouvait justifier M. de Châlons : Hélas ! disait-elle, s’il est innocent, je suis encore plus à plaindre ; mais ne songeons présentement qu’à le sauver. Je tremble qu’il ne soit découvert dans le lieu où il est ; il faut prendre des mesures auprès du roi. Votre ami est malheureux ; vous l’aimez ; puis-je ajouter à ces motifs l’intérêt d’une fille que vous ne connaissez que par ses faiblesses ? Ne donnez point ce nom, mademoiselle, répondit le comte de Canaple, à des sentiments que leur constance rend respectables.

L’intérêt de M. de Châlons demandait que M. de Vienne, gouverneur de Calais, fût instruit de ce qui s’était passé. M. de Canaple s’empressa de se charger d’un soin qui allait lui donner des liaisons nécessaires avec le père de madame de Granson. Il n’en avait rien appris depuis son départ de Bourgogne ; il espérait en savoir des nouvelles ; il en entendrait parler ; il en parlerait lui-même : tous ces petits biens deviennent considérables, surtout pour ceux qui n’osent s’en promettre de plus grands.

M. de Vienne vit avec plaisir le comte de Canaple :