Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/160

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui menaçait Calais, elle y retourna, persuadée que rien dans le monde ne pouvait l’intéresser que M. de Vienne.

M. de Canaple, en y arrivant, n’avait donné à M. de Vienne aucune espérance sur la vie de M. de Granson. La calamité publique, dit ce grand capitaine, ne me laisse pas sentir mes malheurs particuliers : mais comment est-il possible qu’une armée composée de toute la noblesse de France, c’est-à-dire de ce qu’il y a de plus brave dans l’univers, ait été battue !

Il fallait, pour vaincre, répondit M. de Canaple, plus de prudence et moins de valeur. Cette noblesse dont vous parlez en a trop cru son courage, et a méprisé les précautions. Le roi, après être parti d’Abbeville où il était campé, détacha quelques troupes sous la conduite de MM. des Noyers, de Beaujeu, d’Aubigny et de Drosmenil, pour aller reconnaître les Anglais. À leur retour, Drosmenil, enhardi par une réputation sans tache et par une intrépidité de courage dont il se rendait témoignage, eut seul la force de dire au roi qu’il ne fallait point attaquer les ennemis.

Quoique l’armée fût déjà en marche, le roi, convaincu par les raisons de ce vaillant homme, envoya ordre aux Génois, qui faisaient l’avant-garde, de s’arrêter. Soit qu’ils aient été gagnés, comme on le soupçonne, soit qu’ils aient craint de perdre leur rang, ils ont refusé d’obéir. La seconde colonne, qui a vu la première en marche, a continué de marcher. La bataille s’est trouvée engagée, et les généraux ont été obligés de suivre l’impétuosité des troupes.

Elles n’ont jamais montré plus d’ardeur ; mais nous