Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/20

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le don qui s’en faisait n’était qu’un de ces usages dont il n’y a ni bien, ni mal à dire, et dont on n’a ordinairement connaissance que dans la maison où ils se pratiquent. Voilà à quoi se bornera de ma part l’apologie de ces culottes, contre lesquelles le rigide éditeur a fait une sortie si violente. Je ne m’appesantirai pas non plus autant que lui sur le nom que madame de Tencin donnait aux gens de lettres de sa société. On sait qu’elle les appelait ses bêtes, et qu’un jour elle invita un grand seigneur à dîner avec sa ménagerie. Qui ne voit que c’était là une plaisanterie, une contre-vérité obligeante, et qu’enfin le nom de bête donné à Fontenelle, n’était qu’une manière un peu moins commune de l’appeler un homme d’esprit ?

Madame de Tencin, entourée des hommes les plus instruits et les plus aimables, et, ce qui vaut encore mieux, des amis les plus tendres et les plus fidèles, vécut jusqu’à l’âge de soixante-huit ans. Elle mourut à Paris le 4 décembre 1749.

Le caractère de madame de Tencin ne fut guère moins attaqué que sa conduite ; mais il est plus facile de le défendre. On a déjà vu combien elle avait de désintéressement et de générosité. Moitié bienveillance, moitié désir de plaire et de réussir, elle s’était fait, dit-on, un système suivi de flatterie, qui allait quelquefois jusqu’à dégoûter ceux-mêmes envers qui elle le pratiquait. Des censeurs chagrins y ont vu de la fausseté, sans songer que cette complaisance, qui porte à tout louer, n’est un défaut essentiel et nuisible, qu’autant que l’on immole d’une main ceux que l’on encense de l’autre ; or, rien ne prouve que madame de Tencin se