Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/200

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Mon père saisit cette occasion pour demander ma liberté ; il ne l’obtint cependant qu’avec beaucoup de peine, et qu’après s’être engagé que je suivrais le roi en France, où la rupture de la trêve entre les deux couronnes l’obligeait de passer, et qu’il resterait en Angleterre, où il serait gardé lui-même, jusqu’à ce que j’eusse prouvé par mes actions, que je n’avais aucune liaison contraire au bien de l’état.

Sitôt que je fus libre, mon premier soin fut de faire chercher le soldat qui m’avait rendu la lettre, et qui ne s’était plus montré. Ce soin fut inutile ; on me dit qu’il était du nombre des troupes qu’on avait embarquées pour envoyer en France. Édouard s’embarqua bientôt après, et me fit embarquer avec lui. C’est par vos services, me dit-il, que vous pouvez effacer les impressions que l’on m’a données de votre fidélité. N’espérez pas que je vous accorde la permission de prendre une alliance avec mes ennemis : il faut ranger votre maîtresse au nombre de mes sujets ; voilà un moyen d’obtenir un consentement que je ne vous accorderai qu’à ce prix.

Nous débarquâmes sur les côtes de la Picardie. J’envoyai un homme à Calais, avec des lettres pour madame d’Arondel ; je lui avais donné toutes les instructions nécessaires pour s’introduire dans la place. J’attendais son retour avec la plus extrême impatience. Les nouvelles qu’il devait m’apporter décidaient de plus que de ma vie ; mais ces nouvelles, si attendues, et si ardemment désirées, ne vinrent point. J’envoyai successivement plusieurs de mes gens ; aucun ne parut, et j’ignore encore quel est leur sort.