Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/206

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celui de madame d’Arondel, et pour le mien. Instruisez-la des artifices de sa belle-mère, et de ce qu’elle doit en craindre ; réveillez son amitié pour madame d’Arondel, et ses bontés pour moi ; obtenez d’elle qu’elle apprenne à ma femme que son fils est retrouvé, que je n’attends que la fin du siège pour déclarer mon mariage, pour me joindre à elle, et ne m’en séparer jamais. Je tremble que la perte de son fils et la crainte d’être abandonnée ne la déterminent à se lier par des vœux ; que sais-je même si, contre sa volonté, elle n’y sera pas forcée par la malice de madame de Mailly ? que sais-je enfin ce que produira la douleur dont elle est accablée depuis si longtemps ? Je ne puis y penser sans frémir.

Je suis prêt à faire ce que vous voulez, lui dit M. de Châlons, qui vit qu’il n’avait plus la force de parler ; mais vous n’êtes pas informé de mes dernières aventures. Je vous avoue, répliqua-t-il, que ce que j’apprenais de madame d’Arondel me touchait trop sensiblement, pour me laisser la liberté de faire des questions étrangères.

M. de Châlons lui conta alors, le plus succinctement qu’il lui fut possible, son combat avec M. du Boulai, et les suites de ce combat. Je crois, ajouta-t-il, qu’il faudrait que je pusse raisonner avec Saint-Val. L’aveu qu’il vous a fait prouve en lui des sentiments de probité et d’honneur, qui nous assurent de sa fidélité. Je le pense comme vous, répondit milord d’Arondel ; je vais vous l’envoyer, et écrire à madame d’Arondel ; pourvu que ma lettre puisse lui être remise, je m’assure qu’elle ne fera rien contre moi.