Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/247

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Canaple, quelle reconnaissance pourra jamais m’acquitter envers vous ! Consentirez-vous à mon bonheur, madame, dit-il à madame de Granson, en s’approchant d’elle de la façon la plus soumise ? Dites un mot, un seul mot ; mais songez qu’il va décider de ma vie. La démarche que j’ai faite, lui dit-elle, vous a dit ce mot que vous me demandez.

M. de Canaple, pénétré de la joie la plus vive, l’exprimait bien moins par ses discours que par ses transports. Madame de Granson, honteuse de tant d’amour, se hâta de profiter de la permission d’aller à Calais, que milord d’Arondel vint lui apporter. M. de Canaple, M. de Châlons, et M. de Vienne, y allèrent avec elle. M. de Châlons attendit dans une maison de la ville les nouvelles que M. de Canaple devait lui apporter.

Mademoiselle de Mailly, en proie successivement et presque dans le même temps à la plus grande douleur et à la plus grande joie, avait pensé mourir d’une agitation si violente. Madame de Granson et elle s’embrassèrent à plusieurs reprises, et se firent à la fois mille questions. Mademoiselle de Mailly, naturellement éloignée de toute sorte de dissimulation, enhardie encore par la vertu solide dont elle se rendait témoignage, ne contraignit point ses sentiments. Elle parla de M. de Châlons avec toute la tendresse et la reconnaissance qu’exigeait ce qu’il venait de faire pour elle. Voulez-vous le récompenser, lui dit le comte de Canaple ? donnez-lui la permission de vous voir. C’est mon père, répondit-elle, et non ma façon de penser, qui doit régler ma conduite. J’espère qu’il vous ordonnera ce que je vous demande, lui dit le comte de