Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/282

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meurs d’impatience que nous finissions ; il me semble que je ne tiendrai jamais assez tôt à tous vous autres ; et tout de suite : Mais, après tout, pourquoi attendre ? Ne sommes-nous pas bien assurés que notre enfant sera duchesse ?

La vanité de ma mère me servit cette fois : comme le bienheureux tabouret était l’objet de mon mariage, elle répondit à madame de N… qu’il convenait de s’en tenir aux arrangements dont on était d’accord, et d’attendre que l’on eût fait passer sa duché sur la tête de son fils.

Je respirai du petit délai que ce discours me promettait. La fin de cette journée et les suivantes se passèrent comme à l’ordinaire. M. le marquis de N… venait se montrer dans les heures où il n’avait rien de mieux à faire.

Quoique nous ne reçussions point les compliments, on parla de notre mariage. Je compris à la tristesse de Barbasan, qu’il en était instruit : la mienne, que je ne pouvais dissimuler, dut lui apprendre aussi ce que je pensais. Je le fuyais cependant ; mais, il faut dire la vérité, moins pour le fuir que pour n’avoir pas à lui dire qu’il devait me fuir lui-même.

J’avais plus de liberté de faire ce que je voulais, depuis qu’on regardait mon établissement comme très prochain ; j’en profitais pour rester dans ma chambre. Un jour, mon maître venait de me quitter ; j’étais dans cet état de rêverie et d’attendrissement où la musique nous jette toujours quand nous avons quelque chose dans le cœur : j’avais les yeux attachés sur un papier que je ne voyais point, quand un bruit que