SECONDE PARTIE.
ugénie fut amenée à l’abbaye du Paraclet à l’âge
de six ans, sous le nom de mademoiselle d’Essei. Une
espèce de gouvernante, qui la conduisait, pria madame
de la Rochefoucault, abbesse de cette maison, de se
charger de l’éducation de cette jeune enfant. Elle lui
remit pour cela une somme assez considérable : elle
ajouta qu’elle était fille d’un gentilhomme de Bresse
qui avait peu de biens et beaucoup d’enfants, et qu’il
fallait lui inspirer le goût de la retraite, le seul parti
qui convînt à sa fortune.
Mademoiselle de Magnelais, fille du duc d’Hallwin, et plus âgée de deux années que mademoiselle d’Essei, était dans la même maison. Elles furent élevées ensemble, quoique avec beaucoup de différence. Mademoiselle de Magnelais attendait une fortune considérable, et la pauvre mademoiselle d’Essei, au contraire, n’avait que le choix de cette demeure, ou de quelque autre de cette espèce.
Leurs premières années se passèrent dans les occu-