Page:La Fayette, Tencin, Fontaines - Œuvres complètes, Lepetit, 1820, tome 3.djvu/329

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Ligny : Vous allez, madame, lui dit-elle, faire croire à M. le marquis de la Valette, qu’il me doit beaucoup plus qu’il ne me doit effectivement. Vous ne voulez pas, répliqua M. de la Valette, d’un ton plein de respect, que je puisse vous devoir de la reconnaissance ; mais on vous en doit malgré vous, dès le moment qu’on a eu l’honneur de vous voir.

Cette galanterie augmenta l’embarras de mademoiselle d’Essei. Madame de Polignac, qui vit sa peine, se mêla de la conversation. Le marquis de la Valette eut l’art de dire encore mille choses qui faisaient sentir à mademoiselle d’Essei l’impression qu’elle avait faite sur lui.

Après leur avoir donné la main, pour les remettre dans leur carrosse, il courut chez madame de Ligny, pour s’informer d’elle qui était mademoiselle d’Essei. Madame de Ligny lui conta, très-naturellement, le peu qu’on savait de la naissance de mademoiselle d’Essei, et l’amour que M. de Blanchefort avait pour elle. Il me semble, répliqua le marquis de la Valette quand madame de Ligny eut cessé de parler, que Blanchefort n’est encore que souffert. Je vois ce qui vous passe dans la tête, lui répondit-elle ; mais, si vous êtes sage, vous éviterez, au contraire, de voir mademoiselle d’Essei. Il n’est plus temps, madame, dit le marquis de la Valette ; je l’ai trop vue pour ne pas mettre tout en usage pour la voir toujours.

Dès le lendemain, son assiduité chez madame de Polignac fut égale à celle de M. de Blanchefort ; ils se reconnurent bientôt pour rivaux. Leurs caractères étaient absolument opposés : le comte de Blanchefort